Je terminais la
troisième partie sur mon adhésion au club Djet
et Jet en 1985. Vu d'aujourd'hui, ce n'est pas
récent. Il faut dire, qu'à l'époque, je
ne me penche sur la voiture que quelques jours par an,
pendant la période des congés
d'été. Tout ce que vous avez lu
précédemment, ne m'encourage pas vraiment. Par
quel bout la prendre cette... bagnole ?
En fait, mes
occupations du moment sont l'aménagement de la
maison, mon futur travail et le club de volley-ball dont je
suis président, secrétaire, trésorier,
entraîneur des filles adultes et jeunes, arbitre et
accessoirement... joueur. Bref, le fonctionnement normal
d'un club qui vous " bouffe " deux soirs par semaine et
presque tous les week-end !
Revenons au club Djet
et Jet, les liens qui vont se nouer au fil des années
avec le Président et sa famille dépasseront
les simples relations d'un adhérent au club. En
dehors des assemblées générales, les
contacts sont fréquents tant par
téléphone que par les visites sur place. Bref,
une amitié est née et certains dimanches
matins, un coup de fil vient nous rappeler que les
dernières nouvelles datent un peu.
Conseils, plans,
pièces détachées sont les bienvenues.
En échange, hormis ma cotisation, j'essaie d'apporter
ma modeste contribution en alimentant le club de tous les
documents d'époque que je peux
dénicher.
Des stages polyester
sont organisés et je décide d'entreprendre le
démontage complet afin de redonner à la caisse
son aspect d'origine. Quand on se rappelle les
premières photos, il y a du pain sur la planche
!
J'oublie
(momentanément) le châssis et ses accessoires
pour entamer la dépose, sur la caisse, des parties
accidentées et mal réparées ainsi que
tout ce qui ne ressemble pas à l'origine. C'est ainsi
que le nez sera carrément " enlevé " pour une
réfection complète. De la résine encore
molle subsiste à l'intérieur, lequel est garni
de papier journal et de sac de ciment...
Les
imposants passages de roues sont constitués de
plâtre, de tôle de zinc et de bidons d'huile !
Le tout fixé par des centaines de " pops " qu'il me
faut percer, un par un, pour les dégager.
J'espère que le " restaurateur "
bénéficiait d'un tarif spécial sur les
rivets.
La caisse, ainsi allégée, peut être mise
à nu. C'est-à-dire décaper les couches
de peinture jusqu'au gel-coat d'origine. Quand je dis " les
couches ", je parle des huit couleurs que la carrosserie a
emmagasinées au fil des années.
Je sais, par les restes du tableau de bord, que la couleur
d'origine est bleu cascade. Sachant que la dernière
est rouge Peugeot, entre les deux j'ai pu découvrir
(dans le désordre) du bleu marine, du rouge
foncé, du jaune, de
l'orange, du gris et du marron.
Comment enlever toutes ces épaisseurs sans
abîmer le polyester sain ? Solution Romo, vous prenez
un ciseau à bois (et une paire de lunettes de
protection) et vous poussez fermement des deux mains.
Çà vole partout, j'ai le visage
moucheté de rouge. Parfois c'est un beau copeau qui
s'enroule mais c'est trop rare. Le sol s'épaissit
sous les pieds et, petit à petit, centimètre
carré par centimètre carré, le bleu
cascade apparaît (il est bien accroché celui
là). Cette opération est longue et
pénible mais la récompense est au
bout.
Une
fois terminée, c'est un poids plume (avec le museau
dans l'habitacle) qui prend la direction de Romorantin.
Une petite remorque bagagère suffit pour le voyage
aller de 300 km. A noter que cette caisse très
incomplète est tout ce qu'il reste de l'automobile
que j'ai achetée puisque même la carte grise
sera changée... pour passer à mon nom.
Heureuse époque d'avant contrôle technique ! Ce
qui ne m'exempte pas du passage obligatoire avant la
prochaine mise en circulation.
Petit aparté
: Beaucoup de personnes me demandent si la voiture doit
repasser par le service des Mines pour pouvoir rouler
après la restauration ?Réponse : NON pas du
tout, puisque le véhicule sera conforme aux
spécifications de la carte grise et au descriptif
d'origine. En fait, il retrouvera les
caractéristiques qu'il n'aurait jamais dû
perdre !
Plusieurs week-end
sont nécessaires pour mener à bien les travaux
de polyester car les explications, sans l 'auto,
ne donnent qu'une mince idée de l'ampleur du
problème.
Extérieurement: rebouchage des fausses
aérations latérales, réfection de
l'arrière qui a tapé, regarnissage des
passages de roues dont l'emplacement a très largement
été ouvert, refabrication entière de la
partie avant au raz du pare-brise (y compris la partie
coffre et ses cloisons).
Intérieurement: c'est le tableau de bord complet
qu'il faut remouler. Le tunnel central, ouvert sur
près d'un mêtre, doit être
rebouché et le plancher de coffre arrière, qui
a été découpé, doit être
refait.
Pas évident le
polyester quand on n'y a jamais touché. Je
découvre le gel-coat, la résine, le durcisseur
et la fibre sous toutes ses formes.
Plancher de coffre
arrière, aérateurs de côté sont
pour le spécialiste.
Moi, je me fais la
main sur les passages de roues arrières.
Premier outil ; la
casquette pour passer la tête sous la caisse et
limiter la laque sur les cheveux. Cirage des moules qui sont
ajustés et fixés au bon endroit de l'auto et
c'est parti pour un garnissage dans les règles avec
la découverte des joies du débullage à
l'aide de ce drôle d'outil constitué d'un
empilage de rondelles éventails. Après
l'attente nécessaire au séchage, le
démoulage révèle quelques manques au
niveau de l'arête d'aile. Le professeur n'est pas
très content, moi si, pour mon premier essai cela
aurait pu être pire. L'autre côté
terminé, la différence est énorme et je
trouve que l'auto a meilleure gueule avec ces fines ailes
qui font le charme des René Bonnet. Les avants seront
traités plus tard, en même temps que le
nez.
Profitant
d'un grand week-end de l'Ascension, j'invite Jean-Luc
à m'accompagner. Pas besoin de le prier ; le
matériau, l'endroit, tout l'intéresse. Sa
main-d'œuvre est la bienvenue et il ne tarde pas
à faire connaissance avec les lieux et la
matière.
Après quelques
brèves explications sur le montage des moules et la
marche à suivre, nous nous lançons comme deux
grands dans une opération de chirurgie
esthétique ! La réfection d'un nez, bien avant
Liane Folly. Le résultat nous ravit car la
pièce de taille conséquente brille d'un beau
gris uniforme.
Viennent ensuite les cloisons latérales, le fond de
coffre, les porte-phares et les deux demi-bouches de
radiateur.
Un
châssis René Bonnet neuf, d'origine (qui me
fait envie mais le maître des lieux l'estime trop cher
et me propose d'en refaire un à l'identique) servira
à l'ajustement précis du nouveau nez sur la
caisse.
Montage provisoire des éléments
intérieurs et présentation du
bébé. Tronçonnage du surplus, meulage
au plus creux avant soudure définitive par encollage
de tissu. C'est du solide, aussi rigide qu'une pièce
d'un seul tenant. L'intérieur sera fixé en
définitif plus tard, tout comme les divers petits
éléments.
C'est une grosse
opération qui vient d'être
réalisée mais beaucoup d'autres restent
à faire. Savourons déjà
cette
silhouette de vraie Djet René Bonnet.
Une soirée
restaurant (pour, entre autre, remercier la maîtresse
de maison et lui faire quitter sa cuisine) viendra conclure
ce stage polyester très productif et d'un coût
tout compris très raisonnable à
l'époque.
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